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Photomontages 2020, les premiers dossiers...

vendredi 24 septembre 2021

Nous avons expérimenté les recommandations du guide d’octobre 2020 mis au point par la DHUP et publié en octobre 2020.
Notre évaluation porte sur 6 cahiers de photomontages, dont deux de 80 points de vue.

Prise de vues

Si le changement de matériel photographique n’améliore pas la représentativité des effets paysagers, il a permis de monter en gamme sur la qualité des clichés. Les APN plein format étant souvent de meilleur qualité que les APN de la gamme APS-C. La focale 50mm nous fait malheureusement perdre quelques précieux degrés en verticalité, pourtant utiles pour faire entrer les éoliennes jusqu’au bout de pale pour les vues rapprochées. Il faut s’éloigner à 866m [1] contre 746m auparavant [2] pour faire entrer une éolienne de 200m de haut.
Nous nous sommes rendu compte que la focale 50mm f1.4 et f1.8 de chez NIKON produit des clichés de 38.5° de large. Ceci pose un problème avec l’usage de rotateur cranté fabriqué sur des multiples de 360°. Nos premiers tests de panoramas 360° ont été faits sur la base de 20° (18 clichés). Le résultat est que nos clichés (presque) contiguës (1 cliché sur 2) font apparaître une région manquante de 1.5° de large (40° - 38.5°). Nous sommes donc passés à 18° (20 clichés), avec pour conséquence un recouvrement de 1,5° (36° - 38.5°). Ce choix nous parait préférable, mais provoque une répétition de l’image dans les zones de recouvrement.
A aucun moment nous avons imaginé utiliser un rotateur sans crans, et positionner notre APN "à la main" de façon a produire des clichés contigus ! Ceci est infaisable en situation réelle.

Orientation APN

Au passage, il faut noter que le guide impose l’orientation paysage. Ce qui, en réalité, n’est pas l’orientation d’usage pour les têtes panoramiques sphériques. Pour simplifier notre process, nous avons pour habitude d’utiliser seulement le premier bras de la tête et de monter l’APN en mode paysage. Mais dans les situations montagneuses, qui exigent de pratiquer la contre-plongée, il n’est souvent pas possible de rester en mode paysage si on souhaite voir le ciel. L’usage de la tête panoramique complète s’impose, mais en mode portrait !
Ce cas n’a sans doute jamais été imaginé par les rédacteurs du guide...

Cadrage

Une des contraintes majeures est le cadrage. Pour mémoire, les clichés doivent être orientés au mieux pour présenter le projet dans le cadrage réglementaire : le projet dans le cliché central, un cliché à gauche, un cliché à droite.
Pas de problème pour les vues lointaines évidemment. Ça se corse pour les vues proches, notamment avec un projet avec des éoliennes non groupées... Forcément, une éolienne tombera pile entre deux clichés !

Calage

Comme nous sommes exigeants sur la qualité du calage, nous n’avons pas abandonné le calage de l’assemblage panoramique. Cette étape est primordiale, car c’est dans le panorama (180°) que nous trouverons tous les éléments du paysage utiles au calage azimutal et vertical du panorama.
Par ailleurs, la superposition du panorama et de la topographie numérique nous permet de vérifier que la prise de vues est bien horizontale. Si un défaut d’assiette est repéré, une correction de tangage et de roulis est faite pour redresser le panorama (ceci est pratiquement impossible à réaliser sur un cliché unique).
Une fois le panorama calé, nous plaçons des repères dans les zones couvertes par les clichés à photomonter. Ces repères sont alors utilisés pour caler les clichés uniques.

Photomontage

Une fois le calage réalisé. Nous produisons les 3 photomontages séparément. Les éventuelles corrections de luminosité sont apportés sur les 3 clichés de façon identique (ainsi que sur le photomontage panoramique préalablement réalisé).
Il faut noter que s’agissant de 3 traitements séparés, la position des rotors des éoliennes est différent d’un photomontage à l’autre ce qui produit quelques curiosités sur les éoliennes qui sont "a cheval" entre deux clichés, leur rotor ayant une position différente suivant le cliché.
Au passage, nous avons remarqué que les aberrations optiques, n’étant plus traités par l’assemblage panoramique (déformations de barillet / coussinet ou autre imperfection optique), deviennent perceptibles sur les clichés et rendent le calage difficile sur nos repères, qui eux sont positionnés très précisément sans défaut optique.

Coupe topographique

Si elle peut apporter une information sur les effets d’échelle, elle restitue le mouvement topographique que vers une seule des éoliennes du projet, ce qui peut-être limitant. Quelle éolienne choisir ? La plus éloignée ? La plus proche ? La plus au centre ? La plus visible ?... Aucune précision n’est apporté par le guide.
Par ailleurs, le choix de conserver un rapport d’échelle de 1:1 entre distance et élévation ne permet pas toujours de restituer l’information pour les points de vue éloignés.
Le travail de création de coupe topographique, y compris l’ajout des principaux éléments de surface (bois, agglomérations), des points avec un enjeu de sensibilité (MH, zone protégées), et des principales routes, est un travail souvent long. Pour faciliter la production de coupes en lots, nous avons développé une application spécifique basée sur le SIG Grass Gis, en utilisant la BDTOPO comme source de données.

Mise en page

Nous avons conservé notre méthode habituelle de présentation du point de vue (2 cartographies + 2 panoramas filaire + commentaires paysagers + données techniques) sur une première page A3, et ajouté une deuxième page avec la "frise" et la coupe topographique que requiert le guide.
La frise n’a à mon avis aucun intérêt puisque les clichés "Etat initial" sont présentés dans les pages suivantes.
Suivent les 3 pages A3 des clichés originaux [3], puis les 3 pages des clichés photomontés, soit 8 pages au total.
A noter que le trait de coupe est ajouté a la cartographie, ainsi que la représentation des champs visuel des 3 clichés photomontés.
La nature de la projection plane, ou rectilinéaire, des clichés, ne permet plus de placer automatiquement les identifiants d’éoliennes. Contrairement à la vue panoramique le ration pixel/degré n’est pas constant sur la largeur d’un cliché (ce qui complexifie beaucoup les calculs d’azimut).

Présentation

Nous n’avons pas encore collaboré avec un paysagiste qui adhère à la méthode... toutes et tous sont frustré(e)s d’étudier un photomontage sur un champ visuel réduit et de ne pas pouvoir observer l’intégralité de la scène sans tourner une page...

Document numérique

8 pages par point de vue, dont 6 sont presque entièrement couvertes par des photos à 300dpi, produisent des cahiers de photomontages très lourds.
Nous limitons nos document à une résolution de 300dpi, nettement suffisante pour un document imprimé. Les 25Mpx par cliché recommandés par le guide produisent des document A3 à près de 400dpi.
Le poids ces cahiers de photomontages les rendent incompatibles avec les limites de poids imposés par les plateformes des services instructeurs...

Divers

D’autres recommandations ont été suivies ou pas :
- l’usage de GPS connecté avec mesure de l’azimut pour geotagage des photographies (EXIF) s’est révélé peu convaincante : Il faut fréquemment étalonner le compas, et la mesure est en général imprécise.
- Nous n’avons pas enregistré la hauteur de prise de vues dans les données EXIF des photographies.
- Nous n’avons pas scrupuleusement suivit les préconisations de vitesse/diaphragme
- Nous n’avons pas toujours réussi a éviter les aléas météo.
- Nous n’avons pas livré de photomontages PDF au format A4 (je n’ai toujours pas compris cette demande)

Synthèse
Étape Évolution Remarques
Prise de vue Panorama->3 clichés Nous continuons a faire nos prises de vues sur 360° (passage de 15 à 20 clichés)
Orientation prise de vue cadrage paysage Contraignant pour les vues en contre-plongée
Cadrage difficulté d’anticiper le cadrage L’implantation n’est généralement pas connue
Calage improbable sur cliché unique Le calage panoramique garantie la précision
Photomontage Calage incertain. Déformations optiques. 3 PM au lieu d’un seul Plus complexe, plus long, moins précis et inutilisable pour l’encerclement, les comparaisons des PAC ou du Repowering...
Mise en page Passage de 3 à 8 pages par point de vue. Plus d’étiquettes. 320 pages pour 40PM !
Présentation Vision étriquée du PM cliché Les paysagistes regrettent le PM 100°/2xA3
Document numérique augmentation significative du poids du cahier +250%, environ 1Go pour 40PM

Conclusion

Difficulté des cadrages, calages hasardeux des clichés, multiplication par 3 du nombre de photomontages, rendu visuel fragmenté, volume des dossiers multiplié par 3 : le constat confirme nos craintes, cette méthode est inadaptée, autant sur les objectifs a atteindre que sur la pertinence des moyens mis en œuvre.
Le guide dresse un cahier des charges pointilleux sur de nombreux points sans intérêt significatif (exif, raw, hauteur, etc.) et rejette le photomontage panoramique au profit du cliché unique dans le but de standardiser les photomontages produits par les porteurs de projets.

Par ailleurs, cette méthode ne permet pas de produire de document photographique utiles a l’étude de l’encerclement. Comment présenter l’encerclement à l’aide de 9 clichés (pages) successifs ?, alors qu’un panorama 360° peut-être présenté sur 2 ou 4 pages en vis-à-vis (sans parler du travail ajouté : 9 photomontages à produire en plus du panoramique).

Pour les mêmes raisons, cette méthode est inadaptée pour présenter les Porter A Connaissance. La comparaison est moins efficace entre page de gauche et page de droite (et par séquence de 40°)... Idem pour le repowering.

L’intention de normaliser la production et la présentation des photomontages est pertinente. Il aurait été plus efficace de collaborer avec des professionnels expérimentés sur ce créneau très spécifique qu’est le photomontage éolien. De toute évidence les rédacteurs de ce guide n’ont aucune expérience réelle du photomontage éolien.

Et après ?...

Une partie de la profession s’oriente désormais vers l’extraction de 3 zones contiguës à partir des photomontages panoramiques. Cette pratique est la meilleure façon de contourner les contraintes de la méthode DHUP en conservant la souplesse et la précision du panoramique (mais qui re-projetera les clichés cylindriques en rectilinéaire ??). Malheureusement la présentation reste la même.
D’autres s’attachent a suivre scrupuleusement la méthode (comme nous). Enfin d’autres continuent a produire des photomontages conformes au recommandations du guide de 2016 (le 2XA3 de 100° était un assez bon équilibre entre champ visuel et distance orthoscopique). Au final, le souhait de standardiser risque de multiplier les méthodes et formats !

Les Services Instructeurs commencent a prendre connaissance du guide et ont un positionnement varié selon la situation (nouveau projet, compléments, repowering, etc.). Peut-être qu’une brèche est en train de s’ouvrir et que le guide 10/2020 fera long feu ? Gageons que cela ne tarde pas trop, et que la raison et le pragmatisme l’emporte !

Références

Le guide 2020

Les commentaires de Geophom

Notes

[1distance théorique sur terrain plat pour 13°

[2APN APS-C + 28mm (15°)

[3Le guide n’est pas clair à ce sujet : s’agit-il des clichés originaux ou de photomontages "Etat initial" ?

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