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Accueil > L’encerclement dans les Ardennes
vendredi 8 avril 2022
L’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Région de Reims à produit un Plan Paysage pour le compte de la DREAL Ardennes, dans lequel une méthode d’évaluation de l’encerclement éolien est proposée sur la base d’indices de respiration et de densité.
Cette carte s’ajoute à une carte des zones "défavorables" et "sous réserve du respect de prescriptions".
La méthode s’inspire de la méthode historique DREAL Centre dans la mesure où des champs d’occupation éolien sont calculés. Mais cette méthode traite l’encerclement sur un seul périmètre, ce qui présente une simplification notable. Les indicateurs d’encerclement sont la respiration maximale (plus grand espace inoccupé), et la densité d’éoliennes (nombre d’éoliennes visibles sur 360°).
Une carte de saturation par encerclement a été produite par l’Agence d’Urbanisme (sur la base des parcs et projets éoliens existants au moment de sa création). Cette carte définit les secteurs de saturation élevée et les secteurs de densité élevée. Ces cartes ont été produites en tenant compte des obstacles visuels, et des éoliennes visibles dans un rayon de 10 km. Une éolienne étant considérée visible à partir de 20% de sa hauteur totale installée.
Le pas de calcul est de 250 mètres, sur la base d’une topographie au pas de 75m (BDALTI75 probablement).
Saturation
Seuil d’alerte : < 180° d’espace inoccupé (respiration).
Densité
Seuil d’alerte : > 0.1 éoliennes/360° (soit 36 éoliennes visibles sur 360°)
Usage des cartes
Ces 2 cartes sont très intéressantes. Elles ont le grand avantage de présenter, à l’instar des cartes de visibilité ZVI/ZVT, un état des lieux sur un territoire entier. Elles tentent de mettre en évidence les secteurs les plus soumis à l’encerclement.
Le pas de calcul étant de 250 mètres, la précision du calcul est relativement faible. Ces cartes seront rapidement obsolètes puisque le contexte éolien ne cesse d’évoluer.
L’étude ponctuelle est illustrée par un diagramme de champs d’occupation qui met en évidence l’espace résiduel le plus étendu, libre d’éoliennes. La méthode indique de ne pas utiliser la topographie (?). Ceci est méthodologiquement inapproprié pour ne pas dire incompréhensible.
Le point étudié sera considéré saturé si les seuils d’alerte sont atteint.
Des critères différents selon la situation de saturation
Page 106, il est écrit : "Cependant sur certains secteurs moins impactés par l’éolien il est concevable de revoir cette valeur et cette distance. En effet, il est possible de se baser sur une valeur de 120° et de 10 km, ce qui rendra l’insertion de parcs éoliens moins contraignants. Et au contraire sur des secteurs plus impactés par l’éolien d’utiliser 180° et 15km."
Si le point étudié est en zone de saturation, les critères de calcul sont :
Si le point étudié n’est pas en zone de saturation, les critères de calcul sont :
La non prise en compte des masques du relief est tout à fait contestable, et présente une incohérence notable vis-à-vis de la carte calculée qui tient compte des obstacles du relief.
On peut s’étonner aussi des valeurs de seuil utilisées en secteur saturé. Obtenir une respiration de plus de 180° en zone saturée, sans prendre en compte le relief, ni les obstacles de surface (bâti/bois) interdit de facto tout projet à moins 15km.
Suivre cette recommandation suppose que la carte du territoire soit à jour. Malheureusement, il est fort peu probable que tous soit en mesure de calculer une nouvelle carte. Il faudra donc d’abord calculer la valeur ponctuelle avec les critères 10km, 180° et prise en compte du relief (comme pour la carte) pour connaître les critères à utiliser pour l’étude ponctuelle...
Les cartes territoriales
On peut saluer l’effort qui consiste à produire des cartes d’encerclement au niveau d’un territoire entier. Cet exercice nécessite de développer des méthodes automatiques de calcul relativement complexes. A ma connaissance, GEOPHOM était seule à produire des cartes de ce type depuis 2016. L’Agence d’Urbanisme n’a pas indiqué dans ce document comment reproduire ces cartes.
Si les cartes sont une réelle avancée, elles sont perfectibles. Notamment au sujet du seuil de prise en compte des éoliennes. Il est ici fixé sur une distance de 10 ou 15km. Pourtant, le document indique page 18 qu’il est judicieux d’adapter cette distance selon la hauteur des éoliennes. Cette idée est bonne, car il est préférable d’avoir des seuils qui soient relatifs à la hauteur perçue des éoliennes de façon a limiter les effets de seuil très présents sur les cartographies, et qui se matérialisent par des changements brutaux de valeurs. GEOPHOM utilise un seuil sur la hauteur apparente (en degrés) ce qui élimine les éoliennes peu perceptibles et qui ne participant pas à l’effet d’encerclement. Ce seuil peut-être de 0.5 à 1° (selon la nature de l’environnement végétal ou un seuil métrique comme la visibilité d’une éolienne de 150m à 10km qui est équivalent à 0.86°).
On peut aussi regretter, l’usage d’un calcul d’espace occupé (d’éolienne à éolienne) basé sur une valeur inconnue (à partir de quelle valeur angulaire entre deux éoliennes une respiration se cré ? - aucun guide n’a été clair à ce sujet). Ce principe méthodologique, présent depuis la première note de la DREAL Centre en 2007, produit des effets de seuils impropres à la production de cartes territoriales. Des formes circulaires apparaissent sur les cartes faisant passer d’une zone favorable à défavorable en quelques mètres. La réalité est beaucoup plus progressive et se base sur la perception des éoliennes dans un champ visuel (humain), non sur l’occupation d’un secteur angulaire (les éoliennes restent perceptibles en vision périphérique).
Dans le cadre d’une étude de projet, Il est intéressant de produire une carte différentielle = carte contexte+projet - carte contexte seul capable d’indiquer les zones affectées par le projet.
La carte de densité a, de mon point de vue, peu d’intérêt. Elle n’est pas du tout reliée à la notion d’encerclement. Une carte de visibilité est tout aussi intéressante.
Étude ponctuelle
Comme présenté plus haut, l’étude ponctuelle est basée sur 2 indicateurs : plus grand espace inoccupé et densité. On s’étonne, et regrette, ici que la topographie ne soit pas prise en compte. Je pense qu’il sera facile de justifier sa prise en compte par les pétitionnaires qui le désirent. Les mêmes contraintes et limites que pour le calcul des cartes sont vraies pour les diagrammes :
L’agence d’Urbanisme et la DREAL des Ardennes ont amorcé un travail remarquable en présentant une carte de saturation par encerclement du territoire. La méthode peut être perfectionnée pour une représentation plus proche de la réalité. GEOPHOM produit des cartes de respiration au pas de 25 mètres, plus abouties par l’usage d’une méthode perceptive produisant des cartes beaucoup plus progressives et réalistes.
Si la méthode d’étude ponctuelle se débarrasse ici du double périmètre encore en usage ailleurs (notamment en Hauts-de-France), elle doit encore s’améliorer pour utiliser la même approche méthodologique que la carte territoriale. Les valeurs ponctuelles doivent correspondre précisément aux valeurs de la carte sur les coordonnées du point étudié, et donc prendre en compte le relief du terrain. Les critères de calculs devraient également être homogènes entre carte et étude ponctuelle.
Le calcul de densité n’a pas de réel intérêt du point de vue de l’encerclement. Il parasite l’étude, et doit être abandonné car inadapté.
A titre de présentation, nous avons calculé les respirations maximales en prenant en compte les éoliennes visibles à plus de 20% sur un rayon de 10km (pas de calcul 25m). Le calcul respecte la méthode d’espaces occupés. Nous avons utilisé 15° comme seuil de respiration minimum.
Vous noterez les effets indésirables de seuil produit par le mode de calcul. Le contexte pris en compte est actualisé.
Voir en ligne : Plan paysager éolien des Ardennes